Notre Histoire
Fascinés par l’Harmonie de Mechelen (Nl) animant musicalement la kermesse du village depuis huit années d’affilées, quelques pionniers eurent l’idée de créer une formation musicale similaire à Gemmenich. Dans le « grand livre » retraçant avec détail la création et l’histoire de l’harmonie dès son début, l’auteur de l’époque précise que l’idée de la création d’une harmonie à Gemmenich vient de Monsieur Jean Herzet. Il en fait part à quelques amis. L’idée est reçue avec grand enthousiasme et les 1er pas sont entrepris pour la réalisation de ce projet.
Le 26 décembre 1865, après avoir pris conseil auprès de M. Fransen, instituteur et fondateur d’un orchestre à Altenberg (La Calamine), une première réunion générale est tenue à l’école du village et c’est là que quelques musiciens jetèrent les bases de ce qui allait devenir un jour la Société Royale « L’Harmonie ». 15 personnes seront présentes et s’engagent pour une durée de 3 ans à servir les intérêts de ce qu’ils appelleront « die Harmoniegesellschaft ».
Voici leurs noms :
Schyeren Pierre, Palm Jean, Franck Hubert, Lovenberg Jean, Lovenberg Guillaume, Ernst Joseph, Keutgen Benrhard, Schmetz Pierre, Schyns Hubert, Herzet Jean, Herzet Joseph Hubert, Colyn Pierre-Joseph, Herzet Guillaume, Soiron Albert et Thielen François Joseph.
Le 1er comité fut composé de 3 personnes : M. Palm, M. Ernst et M. Thielen. Ce dernier fut désigné comme trésorier et chargé d’encaisser auprès des membres les 25 francs belges de cotisation.
Bien entendu, pour débuter, il leur fallait des instruments. Le montant des cotisations ne suffisant évidemment pas, un prêt était nécessaire pour obtenir les fonds nécessaires ; prêt que chaque membre s’engagea à repayer. C’est à Liège, chez M. Bartholomé, fournisseur d’instruments au Conservatoire, que l’Harmonie commanda, le 6 janvier 1866, les instruments suivants : 1 piccolo, 1 flûte, 5 clarinettes, 2 pistons, 3 cors, 2 trombones et 1 tuba.
Ces instruments furent livrés le 31 janvier et les premières leçons purent commencer auprès de M. Franssen ; d’abord séparément, puis en groupe. En avril 1866, le groupe se produit pour la première fois et interprète à plusieurs reprises, et ce dans un enthousiasme compréhensible, la seule marche apprise.
Parmi les membres fondateurs nous comptons des personnes d’origine et de situations professionnelles diverses. Voici les différents corps de métiers représentés : commerçant, menuisier, horloger, forgeron, tailleur, cordonnier, employés, ouvriers de la mine, et fils de fermier.
Ceci nous permet de nous faire une idée des membres qui composaient le groupe en 1865 et de la population présente à Gemmenich à l’époque. En effet, la proportion de petits commerçants, artisans, fermiers et de mineurs reflète entièrement la situation économique et sociale du moment.
La première prestation de l’Harmonie en extérieur fut l’animation de la kermesse du village en 1866. La nouvelle de la création d’une harmonie à Gemmenich se répandit vite et la même année le groupe se rendit à Sippenaeken afin d’y animer également leur kermesse. Une douzaine de petits morceaux avaient été répétés pour égayer les jeux populaires, la procession et donner un concert en soirée.
Pour répéter, l’Harmonie décide de louer la salle de la maison Beuvens. L’Harmonie est pauvre, pauvre en mobilier, pauvre en partitions, en instruments et matériel ; mais forte de sa volonté de réussir. Le premier hiver, les répétitions ont lieu dans le froid. La commune eut pitié et mit à disposition un vieux poêle.
En 1867, viennent s’ajouter aux 2 prestations de 1866, les 1ères communions et une procession à Teuven. Le déplacement à Teuven se fit à pied.
Grâce aux dons de personnes désignées comme membres d’honneur, 1867 voit aussi l’acquisition du 1er drapeau, pièce importante qui ne pouvait manquer pour l’image de la société.
L’année 1868, voit la création d’une harmonie à Montzen. 6 membres actifs originaires de Montzen décident de rejoindre l’harmonie de leur village.
Les années suivantes, les activités se répètent et d’autres viennent s’y ajouter. Dans le Grand Livre, l'auteur signale que l’Harmonie progresse, participe à quelques festivals : à Plombières, à Gulpen et à Maastricht afin d’orner le nouveau drapeau de quelques médailles. Les progrès et résultats obtenus font l’objet de subsides venant de la commune, de la province et même de l’état.
Les premières traditions s’installent et sont pour certaines encore suivies aujourd’hui comme les participations aux processions, aux communions, les Te Deum pour la fête de l’indépendance de la Belgique en juillet et pour la fête de la dynastie fin novembre.
En 1871, la société élit son 1er président à vie : M. Joseph Leclercq. Les temps sont durs. La société a du mal à couvrir les frais et ne compte plus que 13 membres. Pour les nouveaux membres la cotisation est supprimée.
En 1873, fut créée la Société de Tir St Hubert, société avec laquelle l’Harmonie tisse des liens privilégiés. Les 2 sociétés se rapprochent tout en restant toujours distinctes comme c’est toujours le cas aujourd’hui. La plupart des membres de l’Harmonie intègrent également la société de Tir. Dès le départ, l’Harmonie accompagne les tireurs lors du Tir au Roy et lors des festivités du mardi de kermesse. Avec le cortège de la St Hubert, ces traditions ont été maintenues jusqu’à aujourd’hui sauf pour les festiviés du mardi de kermesse qui n’ont plus lieu depuis une quinzaine d’années.
Déjà à l’époque, les gens avaient le sens de la fête. Ainsi, l’on décida de fixer un jour de l’année, le jour de la Ste Cécile, afin de se retrouver entre musiciens et sympathisants dans la bonne humeur. Aujourd’hui, on l’appelle la journée familiale organisée chaque année fin août début septembre.
Dans les années qui suivent, le fait marquant qui a bousculé profondément la vie de la société nous propulse en 1890.
La réunion générale de cette année, donna lieu à certaines discussions musclées. Le comité, fraîchement réélu, est composé de M. Joseph Schmetz, M. Hubert Herzet et M. Pierre Baart. Les discussions s’enveniment et les deux premiers membres du comité donnent leur démission. La séance est alors ajournée. Le lendemain, le Président élu à vie et faisant fonction depuis 1871, M. Leclercq, décide de désigner les deux plus anciens membres pour constituer le comité. Cette décision n’est pas acceptée et est à nouveau sujet de discorde. Finalement, le nouveau vote confirme M. Joseph Schmetz comme commissaire ainsi que M. Aloys Pommé. La déchirure au sein du groupe est profonde et, dès la répétition suivante, l’Harmonie ne compte plus que 13 membres. Les autres remirent képis et carnets de musique, sauf un. Celui-ci fut amené à comparaître devant le juge de paix à Aubel où il fut condamné à restituer les biens à l’Harmonie.
Rapidement, le bruit se propagea que des démarches avaient été entreprises pour créer une nouvelle harmonie à Gemmenich…
Inutile de préciser que les années qui suivent sont pénibles et que la société doit se battre pour sauver son existence.
Pendant la période de 1894 à 1921, l’histoire de l’Harmonie n’a pas été transcrite dans le Grand Livre par les témoins de l’époque. Celle-ci a été reconstituée autant que possible par M. Jean Rampen en 1976. Les informations sont pauvres et les écrits rares.
La première photo de l’Harmonie est réalisée en 1906 à Gemmenich
En 1908, M. Binamé succède à M. Pauly comme directeur du groupe.
Il le restera jusqu’en 1943. Très apprécié de ses convives, il amènera la société vers des temps meilleurs, épaulé pour cela par l’arrivée de quelques musiciens d’exception qui auront l’occasion de briller en soliste lors de multiples concours.
Quelques écrits d’époque nous livrent le contenu des concerts de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème. Ceux-ci se présentaient généralement en plusieurs parties : une partie musicale, une partie de chant, assurée par quelques membres également membres de la chorale à l'époque et une petite pièce de théâtre ou quelques sketches. La soirée se terminait par une traditionnelle tombola.
Au programme du concert annuel en 1899, figurait déjà une grande œuvre classique : Le Ballet de Faust. Depuis, elle a été rejouée à de nombreuses reprises dans différents arrangements même récemment et pourrait, sans problème figurer au programme d'un concert annuel d'aujourd'hui. Un autre chef d’œuvre tout aussi connu était déjà proposé lors du concert annuel en 1926 : La Traviata.
Au fil des années, l’Harmonie a aussi tenu à soigner son look. Si au début, les finances ne permettaient pas l’achat de costumes, l’acquisition d’un drapeau en 1867 fut une évidence. Le 2ème drapeau fit son apparition en 1926. Le drapeau actuel date de 1968.
Entretemps, la société se gréa des costumes complets puisque jusqu’ici le képi était le seul élément distinctif des membres.
En 1980, ces costumes firent place à de nouveaux, plus dans l’ère du temps. A ces costumes viennent s’ajouter en 2001 les gilets rouges.
Depuis 2012, les costumes bleus ont été remplacés par les pantalons et vestes noires actuelles, le tout orné d’une nouvelle cravate ou d’un foulard pour les dames.
Pour ce qui concerne le look et plus précisément l’aspect vestimentaire, signalons aussi la volonté de toujours donner une bonne image de soi pour des activités considérées comme moins sérieuses.
Depuis de nombreuses années déjà, l’Harmonie participe au cortège de carnaval local. Là aussi, au fil des années, on remarque le souci de soigner l’image tout en musique. Au départ, mis à part l'une ou l'autre tentative d’uniformité ponctuelle, ou suite à l’apport d’un sponsor d’époque, les déguisements étaient laissés à l’appréciation de chacun. Plus tard, durant les années 90, le clown devient le déguisement pour l’ensemble des membres.
Depuis quelques années déjà, les clowns ont laissé la place aux chinois grâce à l’investissement de quelques dames chapeautées par la toute précieuse Mädy Stevens qui en assure aujourd'hui la continuité.
Au cours des 50 dernières années, la société n’a pas seulement tenu à soigner son apparence. Les prestations musicales ont été remarquables et ont fait l’objet de récompenses lors de différents concours.
Nous citerons :
Le concours de la ville d’Anvers en 1974 et le premier prix au concours de Huy sous la direction de M. Alfred Brauwers.
Ou encore, le plus prestigieux est certainement le 1er prix obtenu au Concours Mondial de Kerkrade (NL) WMC en 1985, toujours sous la direction de M. Brauwers. A 2 reprises nous nous sommes présentés au concours de Heist op den Berg et y avons remporté le 1er prix en 1988 et 1992 sous la direction de José Schyns.
L’Harmonie est aussi affiliée à l’ Apsam créée en 1973 et depuis toujours classée en degré « Excellence ». Des auditions permettant d’évaluer les groupes musicaux sont organisées périodiquement. L’Harmonie est également agrée par les Tournées Art Vie de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
La vie de l’Harmonie est aussi parsemée de festivités et d'autres événements extraordinaires.
En 1978, l’harmonie se déplace pour la première fois à Bar Sur Aube, petite ville en Champagne, à l’occasion du jumelage. Nous avons accueilli les Français chez nous l’année suivante. Plusieurs échanges ont eu lieu depuis. Au fil des ans, les relations se sont estompées mais quelques familles entretiennent encore des relations avec leurs correspondants français. L’idée de relancer cet échange trotte toujours dans l’esprit de certains.
En 1982, sous la direction de M. Alfred Brauwers, nous réalisons l’enregistrement d’un 33 tours. Si aujourd’hui l’enregistrement d’un concert ou d’un DVD n’a rien d’extraordinaire, il y a 30 ans c’était moins courant.
En 1990, comme déjà évoqué, l’Harmonie s’en va en tournée pour 10 jours au sud de la France. Sous la direction occasionnelle de Dany Gason, le groupe enchaîne 8 concerts dans plusieurs localités de la Provence dont un mémorable dans les arènes de Nîmes.
Si la jeunesse d'aujourd'hui a plutôt tendance à se laisser tenter par des distractions plus faciles d'accès et qui ne demande aucun apprentissage, l'Harmonie de Gemmenich, comme d'autres sociétés de l'entité, s'efforce de maintenir cette tradition musicale qui caractérise notre région. Depuis toujours, l'intérêt pour la musique et la proportion impressionnante de musiciens dans notre commune est à souligner et se distingue clairement du paysage musical rencontré ailleurs en Wallonie.
L'apprentissage de la musique ne se fait pas en quelques mois et le chemin à parcourir pour prendre sa place au sein d'un orchestre demande un investissement personnel régulier et prolongé. Mais l'effort en vaut la peine.
La musique et les satisfactions que sa pratique vous apporteront, vous accompagnera tout au long de votre vie. Cet art rassemble des personnes de 7 à 77 ans et même au-delà et vous fera découvrir une convivialité qui regroupe jeunes et moins jeunes autour d'un même sujet. Il leur permettra de participer à des activités de la vie sociétaire villageoise, de s'enrichir au contact d'autres musiciens, de découvrir le monde merveilleux de la musique et de partager une passion avec des amis. L'Harmonie propose aux jeunes et moins jeunes de découvrir son univers lors des journées intitulées "Amusiquons-nous". Ils auront ainsi l'occasion de s'essayer aux différents instruments qui auront attirés leur attention et ils y verront de près l'orchestre d'Harmonie ainsi que l'orchestre des jeunes. Au début de leur apprentissage, les musiciens en herbe rejoindront assez rapidement cet orchestre des jeunes où ils feront leurs premiers pas.
La vie d’une harmonie, c’est beaucoup de répétitions, de concerts, de cortèges où l’on pratique l’art de la musique pour son plaisir et pour le plaisir des autres. Mais l’Harmonie est aussi une grande famille où l’on apprend à vivre ensemble, où des liens se tissent, des amitiés profondes se lient.
Ces relations affectueuses ne se constatent pas seulement lors d’événements organisés par l’Harmonie, comme les fêtes familiales réalisées chaque année en été pour le plaisir et la convivialité de ses membres et sympathisants, promenades, jeux, détente, apéro, barbecue collectif et ambiance bon enfant sont à l’ordre du jour.
Il y a aussi les après-répétitions où l'on se retrouve autour d'un petit verre pour s'échanger les dernières nouvelles. Celles-ci prennent parfois des allures encore plus agréables lorsque le comité d'action décide de nous gâter par des après-répétitions à thème : Mexicaine, Tyrolienne ou spécial cocktails, avec ou sans alcool…
L’entente entre les membres incite même ceux-ci à organiser entre eux certaines activités extra-musicales. Le plus bel exemple est l’Harmony Tour.
Chaque été, depuis une douzaine d’années déjà, une escapade à vélo est organisée. Au fil des ans, l’Harmony Tour a pris de l’ampleur. Nos musiciens-cyclistes, jeunes ou moins jeunes, sont aujourd’hui bien entourés : un staff technique, pour toute défaillance technique ou physique. Ils ont aussi leur propre équipe de cuistots. Les familles, sympathisants ou accompagnants participent également à la fête. L’ensemble se retrouve alors pour un week-end dans un gîte loué pour l’occasion.
Nous avons parlé de l'ambiance qui règne au sein de notre société et des moments agréables que nous passons ensemble lors des après-répétitions, à la fête familiale ou à d'autres occasions. Souvent, derrière ces plaisirs se cachent des sympathisants qui, réunis au sein d'un comité d'action, se dévouent pour nous et non seulement afin de nous divertir.
Depuis 40 ans déjà, l'Harmonie a la grande chance de pouvoir compter sur ce comité d'action aujourd'hui présidé de mains de maître par Etienne Schils. Leur engagement ne se traduit pas uniquement par des après-répétitions, des fêtes familiales ou le service bar-tickets et entrées lors de nos concerts. Vous y ajoutez des activités comme les balades gastronomiques, la participation au marché de Noël, l'organisation du jogging, et bien d'autres… Le fruit financier de leur engagement a pour but principal de soulager l'Harmonie dans l'encadrement des jeunes à qui nous voulons fournir des instruments adéquats. Nous ne pouvons suffisamment les remercier pour le travail accompli et invitons bien sûr toute personne désireuse de nous soutenir à les rejoindre.
Le Comité d'action et l'harmonie aujourd'hui.